Pierre LOTI

Pierre Loti

14/01/1850 – 10/06/1923

Issu d’une ancienne famille protestante comptant bon nombre de navigateurs, Pierre Loti (Pseudonyme de Julien Viaud) est né en 1850 à Rochefort (Charente-Maritime). Attiré par la mer, il entre à l’Ecole navale (1867), est nommé aspirant et dès lors navigue sans relâche du Japon à l’Océanie et du Tonkin à l’Arabie. A Tahiti (1872), on l’a surnommé Loti du nom d’une fleur du Pacifique. C’est le pseudonyme qu’il adopte quand il publie sa première oeuvre : Aziyadé (1879) qui passe inaperçue.
Le Mariage de Loti (1880) obtient un succès considérable qui se confirme avec les ouvrages suivants : Le Roman d’un spahi (1881), Mon Frère Yves (1883), Pêcheur d’Islande (1886), Madame Chrysanthème (1887), etc.
Elu à l’Académie française (1891), Pierre Loti poursuit sa carrière de marin tout en continuant à écrire. Bien qu’à la retraite depuis 1910, il reprend du service quand éclate la guerre de 1914-1918 et reste sous les armes jusqu’en 1918, Il est mort à Hendaye en 1923. La France lui a tait des obsèques nationales.

                           

 

 

2604                                       Azyadé"

En l’an de grâce 1876, les effets de la politique mondiale conduisent l’officier de marine Loti en rade de Salonique à bord d’une corvette britannique qui est là en compagnie d’unités allemandes, françaises et russes pour rappeler la Turquie à une juste appréciation de son impuissance présente : après avoir dominé au cours des siècles une partie de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie, elle ne représente plus que l’épineuse question d’Orient dont dépend la paix dans les Balkans. Certains veulent une part du gâteau turc et les diplomates des autres pays tentent de limiter les dégâts.
Des navires de guerre ont aussi jeté l’ancre près de la Corne d’Or, le port de Stamboul, sur le Bosphore; Loti doit rallier l’un d’eux. Il laisse derrière lui Aziyadé qui promet de venir le rejoindre. Cette Circassienne aimée au prix de tant de périls à Salonique, il rêve d’habiter avec elle dans la vieille Stamboul. En attendant l’arrivée d’Aziyadé qui tarde, il y promène sa nostalgie sous le costume d’Arif-Effendi et goûte en connaisseur les charmes d’un Orient pas encore contaminé par le modernisme des giaours. Charmes qui font la valeur de ce récit où la fiction teinte à peine le réel, où se mêlent librement l’histoire d’amour et le journal de bord du marin qui a navigué sous tous les cieux et qui sait peindre admirablement ce qu’il a vu.

4708                                       Le mariage de Loti"

Le jeune officier de marine anglais Harry Grant est prêt à se laisser enchanter par Tahiti avant même que son navire s’ancre dans la rade de Papeete, car son frère Georges (appelé Rouéri par les indigènes) lui en avait vanté le charme. A peine débarqué, lui aussi est rebaptisé parce que son nom a une sonorité trop rude pour des gosiers maoris. I1 sera Loti. La vie se concentre en bord de mer mais, pour qui pénètre dans l’intérieur, Tahiti offre les merveilles de sa forêt, de ses gorges, de sa cascade de Fataoua. C’est près du ruisseau de Fataoua que Loti rencontre la petite Rarahu. Et, un jour, la vieille reine Pomaré IV suggère qu’il l’épouse à la mode polynésienne.
Avec Rarahu, Loti apprend à connaître ce pays, ses moeurs et ses légendes, à parler la pure langue maorie, à redouter les Toupapahous, à partager le fruit de l’arbre à pain. Qu’adviendra-t-il de Rarahu, âme inculte et tendre, quand il partira ? La civilisation d’Europe ne peut que nuire aux indigènes, elle les tu~. déjà…
Sous le masque du midship Grant, l’écrivain Pierre Loti recrée avec nostalgie l’envoûtement de l’Océanie alors que déjà s’amorce le déclin de son originalité: en 1872, où se situé Le Mariage de Loti, Tahiti est sous protectorat français ‘depuis une trentaine d’années et deviendra terre de France en 1880.

3950                                     Le roman d’un spahi"

Saint-Louis-du-Sénégal s’aperçoit du large au-delà d’une ligne de brisants mais, en approchant, on découvre que, pour l’atteindre, il faut longer la côte basse jusqu’à l’embouchure du Sénégal et remonter ce fleuve.
Une cité endormie à l’écart du trafic maritime, accablée par la chaleur comme cette autre « mer sans eau » qu’est son voisin le Sahara, le Bled-el-Ateuch, le pays de la soif : C’est là que Jean Peyral vient faire ses cinq ans de service militaire dans le corps des spahis vers la fin du XIXe siècle, à une époque où les tribus sont loin d’être pacifiées.
Comment un montagnard élevé dans le bruissement des eaux et des forêts cévenoles n’y ressentirait-il pas, une fois passée la curiosité de cet exotisme, la nostalgie de la terre natale, de ses parents, de sa fiancée ? Pourquoi s’étonner que, beau garçon ignorant de la vie, il s’éprenne de la mulâtresse Cora, découvre-le désespoir en se voyant trompé se laisse consoler par l’attachement de la captive Fatou-gaye.?
Sa liaison avec une Khassonkée ne sert pas son avancement, mais ce n’est qu’un des hasards qui le retiennent sur le sol d’Afrique et l’entraînent au pays de Galam, patrie de Fatou-gaye mais aussi de Boubakar-Segou, le rebelle…

2802                                      Les désenchantées"

Le hasard des nominations d’ambassade ramène André Lhéry à Stamboul, où il a vécu dans sa jeunesse une aventure dont le récit lui a valu, avec quelques autres, un solide renom de roman-cier. Justement, une de ses admiratrices turques, une certaine Mme Zahidé, lui demande une entrevue.
Trois ans plus tôt, elle lui avait adressé une lettre qu’il avait prise pour une mystification. Turque, sa correspondante? Non, aucune femme grandie dans les harems ne manierait avec tant d’art la langue française. La tentation de vérifier qu’il a raison l’entraîne à accepter le rendez-vous.
L’entreprise est dangereuse, car les hommes d’Orient veillent jalousement sur leurs femmes et leurs filles et les enferment pour les mieux garder derrière les grilles du harem ou sous le voile noir du tcharchaf : la tradition coranique est plus vivace que jamais en cette année 1904.
André trouvera donc au rendez-vous trois fantômes noirs tout tremblants. Pourtant, si "Zahidé" et ses cousines ont eu l’audace de transgresser la règle, c’est pour le prier d’expliquer au monde leur détresse – la détresse de la jeune génération imprégnée de culture occidentale mais prisonnière de la coutume. (Kemal Ataturk ne la libérera qu’une vingtaine d’années plus tard). Dure destinée dont fait foi l’histoire célèbre de ces trois petites princesses d’Asie désenchantées.

3754                                        Madame Chrysanthème"

Le Japon, Pierre Loti ne le connaît encore que par ouï-dire ‘ quand-son navire, La Triomphante, vient relâcher à Nagasaki mais il sait déjà assez de japonais pour mettre à exécution le projet mûri pendant qu’il croisait dans l’archipel brûlant des Pescadores vivre à terre parmi les arbres et les fleurs dans une fraîche maison de papier, avec uns femme à peau jaune pas plus grande qu’une poupée.
Ce sera un de ces mariages qui durent le ‘temps d’une escale – comme en contractent souvent les marins en Orient vers les années 1885. L’honorable M. Kangourou se charge’ de fournir: la fiancée. Par malheur, le charme nippon agit à rebours sur Loti avant même qu’il voie’ Mile ‘Jasmin et il – enverrait tout au diable si Yves (le matelot Yves de Kermadec de Mon Frère Yves) n’attirait son attention sur Chrysan thème, moins stéréotypée, moins_ poupée de porcelaine.. Loti l’épouse et s’installe à flanc de montagne dans la maison de .Mme Prune et de, M. Sucre, à Dieu-djen-dji. N’a-t-il pas vécu ainsi dix ans plus tôt à Stamboul avec Aziyadé ? Ce souvenir soudain réveillé empoisonne son séjour et le rend sévère pour ce Japon d’avant la grande occidentalisation que son humeur lui fait décrire sur un ton de satire malicieuse.

3233                                       Mon frère Yves"

Quand Mme Kermadec lui demande de veiller sur son fils Yves, Pierre Loti s’engage à en prendre soin comme de son propre frère sans s’aveugler sur les difficultés de la tâche. Depuis sept ans qu’ils appartiennent à la Marine nationale, à force de naviguer ensemble, il sait de quoi Yves est capable.
En mer parfait matelot, à terre il se déchaîne avec les conséquences que cela peut avoir, que cela entraîne presque toujours air retour à bord, la discipline étant sévère sur les bateaux de guerre et Yves est mauvaise tête si l’alcool le tient. Il n’est pas le seul. L’escale et ses beuveries, les stations à Brest où fourmillent les cafés, voilà l’ennemi des marins bretons dont Yves représente si bien le type.
Sa nef de mariage risque fort de s’y couler, car il se marie, ce coureur des mers, mais Pierre est là pour redresser la barre juste à temps et Marie Keremenen, sa femme, Pierre vienn Bugel?du, son fils, ne l’attendront pas en vain dans le doux pays vert de Toulven en Basse?Bretagne pendant qu’il croise sur le Primauguet.
Avant, c’était sur l’Ariane, ou la Médée, ou la Sèvre : tous des voiliers. Cette histoire exemplaire se situe en effet au temps de la e marine en bois » et la séduction violente de la mer se mêle au charme subtil de l’antique Bretagne ressuscitée ici avec autant d’amour que de talent.

2271                                      Pêcheur d’Islande"

Fortune faite, son père a voulu revenir vivre à Paimpol et, pour la première fois depuis son enfance, Gaud (Marguerite en breton) assiste au retour des pêcheurs d’Islande. De tous, le plus grand et le plus fort est Yann Gaos, l’ami de son cousin Sylvestre Moan. On le taquine parce qu’à vingt-sept ans il n’est pas encore marié, mais il se défend en riant : ses noces, c’est avec la mer qu’il les célébrera. Pourtant Sylvestre caresse l’espoir de le voir épouser Gaud. Ainsi seraient réunis les deux êtres qu’il aime le plus au monde avec sa grand-mère. La jeune fille ne demande pas mieux, les parents Gaos non plus. Seul Yann regimbe. Il lui faudra deux ans pour se décider à formuler sa demande. Pendant ce temps-là, bien des choses ont changé : le père de Gaud est mort ruiné, Sylvestre a péri dans un combat en Indochine, Gaud habite avec la grand-mère Moan dans sa pauvre chaumière et travaille pour gagner leur vie. Non, personne, pas même Gaud, n’espérait plus ce mariage. Il se fera en pleine tempête, comme si la mer protestait contre l’abandon de Yann et déjà préparait sa revanche, cette dévoreuse des marins bretons que dépeint avec tant de ferveur et de talent le beau roman de Pierre Loti.

2334                                        Ramuntcho"

Ramuntcho dort. Tout à l’heure, il partira pour une de ces expéditions clandestines dé l’autre côté de la frontière espagnole qui sont le métier secret de tant d’hommes au pays basque. Dans la salle basse, sa mère Franchita songe. II s’est déjà fait une solide réputation de joueur de pelote et le voilà maintenant qui tâte de la contrebande. Il suit les traditions de sa race, alors pourquoi s’inquiéter de l’avenir ? De plus il s’entend bien avec Gracieuse, fille de Dolorès Detcharry qui fut l’amie d’enfance de Franchita jusqu’à la fugue de celle-ci avec l’étranger, le père de Ramuntcho. Le mariage des enfants serait une belle revanche sur cette Dolorès orgueilleuse et bigote.
Oui, Gracieuse aime Ramuntcho et lui promet de l’épouser quand il reviendra du service militaire. Seulement la séparation dure trois ans, pendant lesquels Dolorés se déchaîne : plutôt que de la donner au fils de Franchita, elle préfère l’enfermer au couvent.
D’un couvent ne peut-on sortir? C’est Arrochlcoa, le propre frère de Gracieuse, qui en suggère l’idée. Projet sacrilège mais bien tentant pour un amoureux. C’est sur un enlèvement manqué que s’achève ce roman célèbre où Pierre Loti dépeint avec talent l’âme et le pays basques.

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