Maurice CLAVEL

 

Maurice Clavel

10/11/1920 – 23/04/1979

Né le 10 novembre 1920. Etudes au collège de Sète. 1938 : Ecole Normale Supérieure. 1942 : entrée dans la Résistance militaire, et agrégation de philosophie. 1944 : chef des F.F.I. d’Eure-et-Loir libération de Chartres ; rencontre du général de Gaulle. 1946 première pièce : Les Incendiaires. 1948: fonde, comme adjoint de Jean Vilar, le premier festival d’Avignon. Y donne sa seconde pièce : La Terrasse de midi. Suivent : Maguelonne, chez Jean-Louis Barrault (1950) ; Canduela (1953) ; Dalmaseda, au théâtre Hébertot (1954) ; Les Albigeois, au festival de Nîmes (1955), de même que : La Grande pitié du royaume de France (1956). Son premier roman : Une Fille pour l’été (1957). Suivent : Le Jardin de Djémila (1959), Le Temps de Chartres (1960).
Rupture avec le gaullisme en février 1966 (malgré les rapports personnels qui persisteront avec le général de Gaulle). Entrée la même année au Nouvel Observateur.
En mai 1968, revient à Combat pour saluer les événements avec la passion qu’on lui connaît. Il réunit ses chroniques de niai dans un ouvrage Combat de franc-tireur pour une libération et tire la métaphisique de l’événeinent dans un essai Qui est aliéné ? (ou Critique et métaphysique sociale de l’Occident).
Et encore en 1971 : La Perte et le fracas, roman sur les jeunes d’alors. C’est avec un fracas – et sans perte – qu’il rompt en pleine séance avec l’émission « A armes égales» le 13 décembre 1971.
Il donne enfin en septembre de cette année Combat de la Résistance à la Révolution, suite de ses chroniques contestataires.

       

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                                        Dieu est Dieu, nom de Dieu !"

Chacun sait, par la fréquentation des mass media sinon des églises, ce qu’un nombre croissant de chrétiens malins, bien intentionnés ou les deux, fait de Dieu, au profit des idéologies planétaires qui le proscrivent et par là même déshumanisent l’homme. Dès lors le titre de cet ouvrage Dieu est Dieu, nom de Dieu ! – cri naguère poussé par un jeune grand poète – va de soi et dispense de toute analyse…… Encore qu’il y ait, au bout de la colère, une espérance toute nouvelle… M. C.

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                                         Le tiers des étoiles

Bernanos disait que « la principale ruse du diable est de nous persuader qu’il n’existe pas ». Marc, le narrateur de cette confession passionnée, qui sait s’il ne l’a pas rencontré sur son chemin ? C’était dans les années 1960. Il avait près de quarante ans. Il était peintre et doutait de son art, de sa vie. Survient un admirateur inconnu, envoyé par son amie Geneviève – une camarade de jeunesse dont Marc n’a jamais tout à fait cessé d’être amoureux. Qui est ce Pierre, séduisant, enthousiaste et qui lui propose de peindre une fresque dans un ensemble qu’il a construit sur la Côte d’Azur ? Un connaisseur, un dilettante, un affairiste, un don juan, un joueur maléfique et métaphysique ? Marc ne saura jamais vraiment. Toutefois, il éprouve une irrésistible sympathie pour Pierre, au point qu’il paiera de sa personne pour sauver le ménage de son ami lorsque Nane, la femme de Pierre, débarque à l’improviste dans l’auberge où son mari fait l’amour avec une maîtresse d’occasion. Mais, peu à peu, Marc va être pris à son propre piège, avec la sournoise complicité de Pierre, comme si ce dernier voulait lui jeter Nane dans les bras. Chaste aventure d’abord, quoique troublante, équivoque et lumineuse pourtant. Bientôt Marc est emporté dans un tourbillon de sentiments, de violence, de frénésie, où l’âme a sa part autant que le sexe, tandis que Dieu, quelque part, veille, " petite brise ". A moins, justement, que ce ne soit le diable. « Satan lui aussi nous aime. » Bref, on ne sait pas quel ange… D’une fougue et d’une verdeur felliniennes, ce livre puissant, féroce, fantastique, est celui d’un chrétien, à ne pas confondre avec un romancier catholique, au sens classique du terme. Mais c’est bien l’Esprit qui fait ici de la chair un abîme, et de ce récit une sorte d’agonie exaltée où le physique et le spirituel se mêlent dans une danse d’amour et de mort.

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                                    Les paroissiens de Palente

On n’a jamais fait cela.
Ce n’est pas un jugement de valeur, c’est un fait. C’est aussi le cri des premiers lecteurs de cet ouvrage.
Clavel était allé plusieurs fois aux usines Lip de Palente dans l’intention de ramener, au bout de quelques semaines, une pla-quette documentaire sur ce conflit, le plus grave et le plus chargé d’espérance que la France ait connu depuis longtemps.
Six mois après, il nous donne une symphonie avec chœurs et orgues, romanesque, mais peut-être plus vraie que la vérité.
Ou encore une sorte de cathédrale… Que les définitions approxi-matives de cette œuvre S’empruntent à l’architecture ou à la musique, c’est signe qu’elle n’a guère de précédent en littérature. On pourrait même penser à un film soviétique de haute époque, si la plupart des animateurs de la lutte et des principaux person-nages de l’ouvrage n’étaient des militants chrétiens – auprès de qui l’auteur semble s’être enrichi.
Et le peuple est là, lui aussi, non dans son anonymat, mais dans son âme commune et ses personnalités particulières, que la lutte révèle et qui en retour la nourrissent. C’est ce peuple qui donne souvent à ce livre sa dimension de poème épique.

 

 

 

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